Aujourd'hui

En octobre 1759, le village fortifié d’Odanak est détruit lors d’une attaque menée par le major anglais Robert Rogers. La guerre fait alors rage entre l’Angleterre et la France; celle-ci perdra la bataille, ainsi que la presque totalité de son territoire en sol nord-américain. En 1760, le village d’Odanak est reconstruit et la vie reprend son cours. Le village abénakis n’a nul besoin désormais de se munir d’une fortification, puisque l’emplacement n’est plus un lieu de défense stratégique de la colonie française. Les Premières Nations perdent peu à peu leur rôle militaire auprès des colonies. Celles-ci établissent alors de nouvelles stratégies pour conserver leurs relations avec les autochtones. C’est ainsi qu’elles envisagent certaines initiatives pour « civiliser » les peuples autochtones. Le gouverneur des colonies anglaises propose d’installer les Premières Nations dans de petits villages — les premières réserves autochtones — où la terre est fertile et cultivable. Il y impose un missionnaire ainsi qu’un agent des affaires indiennes : ils ont pour rôle de convaincre les Premières Nations de mettre de côté leur mode de vie traditionnel pour en adopter un beaucoup plus sédentaire, basé sur l’agriculture et le christianisme… à l’image des Britanniques. Malgré quelques embûches, le gouvernement anglais conserve son programme de « civilisation » durant près de 150 ans.

En 1839, la Loi sur la protection des terres de la Couronne désigne le gouvernement comme le gardien de toutes terres publiques. Cette loi, qui vise d’abord à encadrer la colonisation, définit désormais les territoires autochtones comme des terres publiques qui doivent être protégées par la Couronne. De ce fait, elle permet de défendre les intérêts des Premières Nations en restreignant l’accès à ces terres par les pionniers. En 1857, la nouvelle Loi sur la civilisation graduelle entre en vigueur. Elle offre des propriétés ainsi que des mesures financières incitatives à tout autochtone analphabète qui accepte de renoncer à son mode de vie traditionnel et qui adopte dorénavant des habitudes de vie dites civilisées.

En 1876, la Loi sur les Indiens, d’abord appelée Loi sur les Sauvages, est promulguée. Cette loi donne au gouvernement canadien le droit d’intervenir sur de nombreuses questions internes relatives aux bandes autochtones. Ainsi, elle définit qui est considéré comme autochtone et, le cas échéant, gère ses droits et incapacités. À travers cette logique d’assimilation, le ministère fédéral des Affaires indiennes devient entièrement responsable de la gestion des terres, des ressources et de l’argent de toute personne membre d’une Première Nation au Canada. Même si des modifications sont apportées presque chaque année entre 1876 et 1927, la loi demeure restrictive. De nouvelles règles sont imposées aux bandes et l’abandon des modes de vie ancestraux est recommandé.

Dès 1857, mais plus intensément à partir de 1883, le gouvernement décrète les pensionnats autochtones comme étant la principale voie pour assurer la « civilisation » des jeunes membres des Premières Nations. Dans ces 132 établissements scolaires catholiques, anglicans, presbytériens et de l’Église unie instaurés à travers le Canada, on enseigne aux quelque 150 000 enfants les ayant fréquentés les mêmes matières qu’aux enfants canadiens; toutefois, ils doivent renoncer à leur langue traditionnelle, à leur spiritualité et à leur façon de vivre. Le dernier pensionnat ferme ses portes en 1996.

Actuellement, on compte plus de 10 000 Abénakis établis principalement aux États-Unis et au Canada. Parmi ceux-ci, plusieurs se démarquent par leur implication dans la défense des droits autochtones, dans le monde culturel, artistique ou littéraire : Alanis Obomsawin (cinéaste-documentariste, Office national du film du Canada), Jean-Paul Nolet (lecteur de nouvelles, Radio-Canada), Christine Sioui-Wawanoloath (artiste et auteure), Evelyn O’Bomsawin (pionnière de la défense des femmes autochtones au Québec), Sylvia Watso (cofondatrice de l’Association des Femmes Autochtones du Québec), pour ne nommer que ceux-là.

  • Photographie couleur d'une femme souriante, portant une chemise bleue à motifs blancs. Elle pointe le doigt vers la caméra. Ses cheveux noirs sont tressés.
  • Photographie couleur d'un femme souriante, portant un t-shirt vert. Elle tient dans ses mains un appareil photo.
  • Photographie noir et blanc d'un homme bien rasé avec les cheveux peignés vers l'arrière, vêtu d'un costume et d'une cravate.
  • Photographie couleur d'une dame aux cheveux blancs, courts et frisés, portant une chemise rose et plusieurs colliers de perles colorées.
  • Photographie couleur d'une femme souriant au cheveux noirs. Elle porte une chemise verte.