Peuple en mouvement

Avant 1700

Les Abénakis, « le peuple du soleil levant », forment le groupe de Premières Nations le plus méridional de la côte nord-est de l’Atlantique. Ils seraient les descendants des peuples du Sylvicole supérieur habitant la région avant l’arrivée des Européens.

Au début du 17e siècle, la Première Nation abénakise est constituée de nombreux groupes indépendants, dont la composition varie selon les saisons et selon les alliances politiques avec leurs différents voisins : les Malécites et les Passamaquoddies de l’est du Maine et du Nouveau-Brunswick, ainsi que les Micmacs de la Nouvelle-Angleterre et du Nouveau-Brunswick. Des sources ethnographiques anglaises et françaises attestent la présence des Abénakis sur les berges de la rivière Saint-François vers 1611. Il est donc probable que les Abénakis utilisent à cette époque la rivière comme route nord-sud. Ils bénéficient ainsi d’un accès direct au fleuve Saint-Laurent, ce qui favorise les échanges de biens avec d’autres groupes de Premières Nations, comme les Innus, ou encore avec les Français.

Après 1700

Selon les sources historiques, des Abénakis et des Sokokis se rassemblent régulièrement, dès 1676, sur la rive est de la rivière Saint-François, à quelques kilomètres en amont du fleuve Saint-Laurent. Au début du 18e siècle, le jésuite Jacques Bigot fonde une mission à cet endroit pour les Abénakis. Elle sera dirigée par le missionnaire Loyard. Portant le nom d’Arsikantegouk, elle est située sur les terres basses près de la rivière Saint-François. Toutefois, la crue des eaux l’inonde au printemps. De plus, elle devient rapidement trop petite, à la suite de l’arrivée massive de réfugiés abénakis et sokokis qui fuient la Nouvelle-Angleterre et les conflits avec les Anglais. Il faut donc ériger une nouvelle mission.

Le gouverneur de la Nouvelle-France, Louis-Hector de Callière, et l’intendant Champigny demandent à Marguerite Hertel, veuve du notable Jean Crevier, de céder à cette fin une part de la seigneurie de Saint-François. Le gouverneur commande ensuite le plan d’une fortification qui permettra de protéger la mission. L’ingénieur du Roi, Levasseur de Néré, propose un fort constitué d’une palissade de pieux de 4,5 m de hauteur avec des bastions aux quatre angles. Ce fort sera bâti sur un endroit surélevé et mieux drainé, là où est situé le village actuel d’Odanak. Il protégera la population abénakise des attaques menées par les Anglais et les Iroquois.

En 1726, la paix anglo-abénakise marque un moment de répit dans les conflits. Le père Aubery, de la mission d’Odanak, reçoit les Abénakis rescapés de la mission de Nanrantsouak (aujourd’hui Norridgewock, situé le long de la rivière Kennebec, dans le Maine) et de Pentagöuet (aujourd’hui Castine, située sur la rivière Penobscot, dans le Maine). L’arrivée de ces groupes renforce le village fortifié d’un contingent de 300 guerriers.

À l’été 1752, l’ingénieur Louis Franquet visite le fort lors d’une tournée d’inspection de l’ensemble des ouvrages militaires de la colonie, en vue d’une probable guerre avec les Anglais. Celle-ci survient en effet et le fort d’Odanak est attaqué et détruit le 4 octobre 1759 par la troupe de Rangers du major Robert Rogers.