Techniques de construction

Les fouilles ont permis de mettre au jour différents aménagements du fort d’Odanak. L’équipe a trouvé plusieurs traces de pieux enchevêtrés entre des traces de poteaux de large diamètre : c’étaient des sections de la palissade, qui formaient le coin sud-ouest de la fortification. Des dizaines de fosses caractéristiques des planchers de maisons longues ont également été découvertes. Plusieurs traces de piquets indiqueraient la présence d’aménagements domestiques, comme des éléments de charpente, des banquettes de couchage, des plates-formes d’entreposage, des supports pour la cuisson. À une cinquantaine de mètres vers le nord, un vestige de maçonnerie de pierres sèches a été mis au jour. Selon sa position à l’intérieur du fort et après avoir consulté les plans de 1704 (De Néré) et de 1854 (auteur inconnu), les archéologues associent cette découverte à la première église d’Odanak. Le vestige est une assise composée de plusieurs pierres disposées de façon régulière. Cette assise se situe sous le plancher d’occupation.

En Nouvelle-France, entre les années 1660 et 1727, les bâtiments en bois étaient beaucoup plus populaires que ceux construits en pierre, particulièrement en milieu rural. Les archéologues ont étudié la disposition des pierres de la chapelle mises au jour ainsi que le contexte historique de cette structure; ils en concluent que la première église du site d’Odanak a probablement été construite selon une technique appelée poteaux sur sole. Celle-ci est aussi connue sous d’autres noms tels que pièce sur pièce à coulisse. La technique de poteaux sur sole requiert l’installation de rondins de bois équarris servant de soles sur une assise de maçonnerie sèche. Une fois les soles en place, la structure de bois du bâtiment est élevée. Ce type d’assemblage permet de construire des bâtiments sur des sols instables. Le sol d’Odanak est très sableux et donc instable, ce qui explique la présence d’une assise de pierre sous la première chapelle. La technique de poteaux sur sole a souvent été utilisée pour ériger des bâtiments associés à des postes de traite ou encore à des fortifications. Elle est pratique, car elle nécessite peu d’outils. De plus, elle permet une construction rapide et les bâtiments peuvent avoir des formes et des dimensions très variées. Ces derniers peuvent aussi être agrandis autant que désiré. Dans les constructions en poteaux sur sole, la courte distance entre les poteaux permet de faire des traverses avec du bois de moindre qualité, ce qui est pratique dans certaines régions plus pauvres en bois dur.

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Transcription

Évolution du fort

Le village et la mission d’Odanak ont dû être fortifiés afin de protéger nos alliés abénakis. Il a fallu construire la fortification à un endroit surélevé, d’où l’on voit la rivière dans sa plus grande étendue, en amont comme en aval. Il est ainsi plus facile de surveiller l’ennemi et de prévenir les colons des attaques.

La palissade est composée de sections de pieux de différentes tailles, en bois provenant d’essences variées. Les plus gros arbres, souvent des pins, soutiennent les sections. Quatre bastions ont été construits ainsi qu’un chemin de garde. À l’intérieur de la palissade, seule la chapelle est érigée sur une fondation de pierre. La maison du père Aubery est bâtie en bois équarri.

Nos alliés et leur famille ont dressé plusieurs maisons longues dans la fortification. La structure de ces habitations est faite de perches de bois, recouvertes d’écorce. Le toit est percé pour laisser sortir la fumée des feux allumés dans la maison. Plusieurs familles partagent des espaces de vie. Des plateformes suspendues sont utilisées comme lits, des fosses sont creusées à même le sol pour y faire des garde-mangers. Le jour, on peut voir des artisans qui vaquent à leurs occupations et le soir, les familles échangent autour du feu.

  • Photographie couleur de deux femmes et un homme. La première femme tient un pieu carbonisé dans ses mains. Les deux autres personnes sont derrière elle, souriants.
  • Photographie couleur de trois pièces forgées: deux clous et un crochet.
  • Photographie couleur de plusieurs pierres équarries formant une fondation d'habitation. Au loin, on voit le Musée des Abénakis.
  • Photographie couleur de plusieurs pierres équarries, vues de haut, formant la fondation d'une habitation. Des ficelles, placées à la verticale et à l'horizontale forment des carrés au niveau du sol.
  • Photographie couleur d'un clou rouillé en fer forgé.
  • Photographie couleur d'une couche de sol avec une section rougie, et d'une truelle.
  • Photographie couleur d'une couche stratigraphique de sol ainsi que de deux traces noircies.
  • Photographie couleur du sol et de cinq traces noircies les unes à côté des autres.
  • Photographie couleur d'une hache de traite en fer.